L’histoire de la Bourse est jalonnée d’événements, de crises qui marquent plus ou moins les esprits durablement.
Qui ne se souvient pas de la crise des .com en 2001, la crise des subprimes en 2008 ? La crise des dettes gouvernementales de la zone €uro en 2011, les craintes sur la croissance chinoise en 2016, le flash krach du dernier trimestre 2018 sont moins présents dans les mémoires.
La crise de la Covid va sûrement se faire une place sur le podium. Et pour cause, cette crise sanitaire a eu un effet sur l’économie jamais vu jusqu’alors. Lors des crises de 2001 ou 2008, la croissance du PIB avait été ralentie de 4 à 5 points, pour cette crise, les estimations sont entre 8 et 10 points. Au plus fort de la crise, la moitié de la population mondiale a été confinée.
Ceci s’est traduit dans les évolutions des indices boursiers, en inscrivant là aussi de nouveaux records. De février à mars, nous avons connu le recul le plus rapide de l’histoire boursière. Nous n’avions jamais perdu 40% aussi rapidement. La volatilité (aussi appelée indice de la peur) a battu son record de 2009 en inscrivant un plus haut à 85. Pour rappel, nous vivions depuis 7 ans sur un régime moyen de 15. Mais 2020 ne serait pas 2020 sans ses mouvements de marchés aussi puissants que contre-intuitifs.
En effet, la remontée des indices depuis le 16 mars a laissé plus d’un investisseur désemparé. Comment s’expliquer alors que la crise battait son plein que les indices puissent rebondir de façon aussi puissante (le CAC40 va combler la moitié de ses pertes en 2 mois) ? Et que dire des performances enregistrées par les valeurs de la santé et de la technologie (avec des gains, depuis le 1er janvier, supérieurs à 20%, et même plus de 100% pour les meilleures) ?
Le souci vient du narratif. Le narratif, c’est cette histoire que nous recherchons, que nous construisons pour guider nos choix. Il se veut rationnel, mais la plupart du temps vient juste confortablement épouser nos valeurs, nos croyances, nos pensées…que nous ne sommes pas forcément prêts à remettre en cause, même quand les faits nous donnent tort.
Au vu de la déferlante de mauvaises nouvelles, toutes plus anxiogènes les unes que les autres, il était difficile de construire un narratif positif sur le marché. Malheureusement, c’est toujours le cas dans les crises. Dès lors, comment s’en sortir ?
Il faut se forcer à regarder le marché tel qu’il est, et non tel que nous voudrions qu’il soit, et s’y adapter. Voici deux informations type qui n’ont pas été prises en compte à leur juste mesure.
- Face à l’ampleur des impacts économiques de cette crise sanitaire, les Banques Centrales et les gouvernements ont réagi rapidement avec des plans de soutien, puis de relance sans commune mesure. Le plan européen, qui vient s’ajouter aux plans nationaux, dans sa version à 750 Milliards d’euros (on parle de le porter à 1 350 Mds) est l’équivalent de 5 plans Marshall.
- Les deux secteurs qui sont sortis gagnants de la tourmente du printemps sont ceux de la santé et de la technologie, grâce à la visibilité sur leur résilience qu’ils ont pu donner aux investisseurs. Seuls ces deux secteurs seront capables de tenir, voire réviser à la hausse leurs perspectives bénéficiaires de 2020. Pour tous les autres secteurs, il faudra au minimum attendre 2021 pour revoir le niveau des bénéfices de 2019.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, le secteur de la technologie est fortement attaqué. Certains y voient le signal d’une rotation sectorielle, au profit de la value(1) .
Ce moment arrivera, et il y a effectivement un potentiel de revalorisation important sur certains secteurs décotés. La vraie question est : quand ? Tant que nous n’aurons pas de signaux probants, nous resterons investis sur les titres offrant de la visibilité et dont le comportement ne faiblit pas (digitalisation, distanciation sociale, énergies vertes, medtechs, etc.). Le marché continue de nous donner la même information : la valorisation (trop élevée ou très faible) n’est pas un facteur déclencheur d’achat ou de vente. C’est une composante que nous monitorons, bien évidemment, et dont nous nous servons non pas comme d’un déclencheur de mouvements mais comme d’une jauge (le mot est à la mode) du potentiel haussier ou baissier.
(1) Value : titres sous valorisés parmi lesquelles on retrouve les financières, les pétrolières, l’automobile, télécoms….

Bertrand Lamielle
Directeur Général de Portzamparc Gestion
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Les investissement sont soumis aux fluctuations du marché et peuvent varier tant à la hausse qu’à la baisse. Le montant qu’il est raisonnable d’investir dans chaque titre ou chaque FCP dépend du niveau de risque que l’investisseur souhaite prendre. Ce document à destination d’une clientèle professionnelle a été réalisé par Portzamparc Gestion, uniquement à titre d’information et ne constitue donc pas une incitation à investir, ni une offre d’achat ou de vente de titres, ni un document contractuel. Il a été conçu et ne peut pas être reproduit, diffusé ou communiqué à des tiers en tout ou partie sans l’autorisation préalable et écrite de Portzamparc Gestion.
Les opinions émises dans ce document reflètent un jugement au jour de sa rédaction et sont donc susceptibles d’être modifiées à tout moment sans préavis. Ces informations sont données sans garantie et ne peuvent être considérées comme exhaustives. Les données chiffrées utilisées par Portzamparc Gestion proviennent de sources qu’elle estime fiables. Toutefois, Portzamparc Gestion ne saurait être tenue responsable de toute décision prise ou non sur la base d’une information contenue dans ce document, ni de l’utilisation qui pourrait en être faite par un tiers. Tout droit de traduction, d’adaptation et de reproduction partielle ou totale de ce document, par tout procédé, pour tous pays est interdit sans le consentement de Portzamparc Gestion.
Document non contractuel, Achevé de rédiger le 8 octobre 2020